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 Le NON du Québec à la conscription de 1942

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Danielle
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Danielle


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Le NON du Québec à la conscription de 1942 Empty
MessageSujet: Le NON du Québec à la conscription de 1942   Le NON du Québec à la conscription de 1942 Icon_minitimeMer 17 Déc - 7:46


Le Devoir, 2 octobre 1992
Gilles Lesage


Aux trois consultations populaires auxquelles ils ont participé depuis un siècle, les Québécois ont toujours répondu NON: à la prohibition, à la conscription, au mandat de négocier la souveraineté-association.

Dans les grandes occasions, ils ne répugnent pas à exprimer leur différence, leur «distinction». Le plébiscite de 1942, qui a laissé des séquelles profondes, en constitue une éloquente illustration.

Ce plébiscite a été un exutoire où se sont déchaînées les passions et matérialisées deux visions traditionnellement opposées au Canada, note Pierre-F. Côté, directeur général des élections du Québec. Mais, au-delà de ces manifestations chroniques, qui témoignent de la difficulté de co-habitation de deux communautés, ajoute-t-il, c'est sans doute le cadre dans lequel s'est déroulé ce plébiscite qui retient l'attention.

Depuis toujours, la conscription soulève des passions au Québec. Qu'il suffise de rappeler l'opposition virulente de la population du Québec à l'adoption de la loi du service militaire, présentée par le premier ministre conservateur Borden, en 1917, opposition qui dégénère en émeutes sanglantes à Québec. Le ler avril 1918, l'armée, dépêchée par Ottawa, charge la foule à la mitrailleuse. Le bilan est funeste: 4 morts et plus de 70 blessés. Le 4 avril, un arrêté ministériel instaure la loi martiale à Québec.

Aussi, lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, le ler septembre 1939, le spectre de la conscription, endémique au Québec, se réveille de nouveau. Le gouvernement King met en vigueur la Loi des mesures de guerre. Le Parlement fédéral est la scène de débats animés entre les partisans de la neutralité et ceux de la participation massive à la guerre. De ce débat est né un compromis ou ce qui a été appelé le «pacte» entre Anglo-Canadiens et Canadiens-français. Par ce «pacte», le Québec accepte de participer à l'effort de guerre, mais sur une base volontaire. L'homme du compromis, celui qui a réussi à convaincre la députation québécoise, c'est le ministre de la Justice et lieutenant de King, Ernest Lapointe.

Dès l'annonce de la guerre, des assemblées se tiennent dans différentes villes du Québec. Les foules sont nombreuses. L'atmosphère est tendue et fébrile. Manifester son désaccord dans un contexte où la censure prévaut relève du défi. Opposé aux mesures de guerre et en butte aux libéraux fédéraux, Maurice Duplessis déclenche précipitamment des élections à l'automne 1939; il est défait par Godbout et la coalition des «rouges» fédéraux. En 1940, au cours de la campagne électorale fédérale, libéraux et conservateurs s'engagent à ne pas recourir à la conscription. Les libéraux sont reportés au pouvoir, avec l'appui du Québec, fort de l'accord «tacite» intervenu quant au non-recours à la conscription. «Ce compromis est devenu un «contrat» entre les deux nations, un pacte d'honneur, ratifié par l'élection générale de mars 1940: les Canadiens français acceptent de participer à la guerre, les Anglo-Canadiens consentent à ne jamais recourir à la conscription», relate André Laurendeau, dans La Crise de la conscription. Publié en 1962, cet ouvrage du rédacteur en chef du quotidien LE DEVOIR reste, trente ans plus tard, un document à lire sur cet événement marquant.

Impossible ici de relater cette crise par le menu. Rappelons seulement quelques faits: l'internement du maire de Montréal, Camillien Houde; à Québec, défaite (à 56 contre 13 voix) d'une motion du député indépendant René Chaloult contre la mobilisation générale des ressources canadiennes; la mort, en novembre 1941, d'Ernest Lapointe, qui avait promis en 1939: «Jamais la conscription».

Pourtant, dans le discours du trône de janvier 1942, King annonce la tenue d'un plébiscite pour le délier de ses engagements antérieurs. C'est la période du slogan «la conscription si nécessaire, mais pas nécessairement la conscription». Formule subtile, digne d'un habile politicien, qui permet de tenir un double langage, soit celui que chacune des communautés veut entendre», rappelle Me Côté.

La loi sur le plébiscite fédéral est sanctionnée le 5 mars 1942. Le scrutin est fixé au 27 avril et la question est la suivante :

«Consentez-vous à libérer le gouvernement de toute obligation résultant d'engagements antérieurs restreignant les méthodes de mobilisation pour le service militaire?»

La communauté francophone se sent largement trahie, le plébiscite est perçu comme la rupture du «pacte». Tout comme la presse pancanadienne, la presse québécoise, à l'exception du journal LE DEVOIR, appuie largement le clan du OUI. A bien des égards, les partisans du NON sont assimilés à des «traîtres», à qui on devrait interdire toute assemblée. La campagne se déroule dans un climat d'autant plus tendu que les forces en présence ne peuvent bénéficier des mêmes ressources : la fonction publique, le gouvernement, la presse et la radio sont mobilisés pour le OUI. A toutes fins utiles, le NON est muselé.

Tel que stipulé par la loi le plébiscite a lieu le 27 avril 1942, avec un taux de participation d'un peu plus de 75%. Quelque 64,2% (1 945 514) des votants se prononcent favorablement et 35,8% (1 648 006) votent contre. Toutes les provinces, à l'exception du Québec, disent OUI à King.

Au Québec, toutefois, les résultats sont inversement proportionnels aux moyens dont a disposé le clan du NON. En effet, 71,2% des Québécois, soit 993 663, votent NON, tandis que seulement 28,8% (376 188) votent OUI à la demande fédérale. C'est «un vote de race» clamait le professeur François-Albert Angers.

De fait, à travers le pays, les Canadiens français ont donné, à 90%, un NON retentissant.

«Car voici le phénomène le plus étonnant, écrit Laurendeau : sans presque avoir été rejointes par la propagande de la Ligue (pour la défense du Canada), les minorités françaises du Canada ont donné, partout où elles forment un groupe important, une majorité au NON. Cela ressemble à un réflexe instinctif.»

Le mois suivant, en mai 1942, King annonce son intention de modifier la loi sur la mobilisation des ressources nationales. Elle est adoptée en juillet 1942.

Toutefois, la conscription ne sera instaurée qu'en 1944. Cinquante ans plus tard, cet épisode reste douloureusement inscrit dans la mémoire collective des Québécois.




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